Forum Afrique CIAN 2022 à Paris : Le patron de la Cnps de Côte d'Ivoire vante le modèle ivoirien

Forum Afrique CIAN 2022 à Paris : Le patron de la Cnps de Côte d'Ivoire vante le modèle ivoirien

Charles Kouassi, Directeur général de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS) de Côte d’Ivoire


Lors du Forum Afrique CIAN tenu le 23 juin dernier à Paris, le Directeur général de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS) de Côte d’Ivoire, Charles Kouassi, a fait l’état des lieux de l’entreprise : les résultats de la boîte restent favorables pour une meilleure stabilité financière dans le pays.

Par Herika Ouraga

On entend souvent dire que la protection sociale en Afrique est un leurre et ceux qui sont à la tête, « s’éparpillent », en s’éloignant de leur objectif principal : le social.

Or, cette protection devrait garantir le bien-être des travailleurs, aider les ménages à affronter les crises et permettre aux salariés de vivre l’après-retraite de façon décente.

Dans son article XXIII, alinéa 3, de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, il est même stipulé que « Quiconque travaille, a droit à une rémunération équitable et satisfaisante, lui assurant ainsi qu’à sa famille, une existence conforme à la dignité humaine et complétée, s’il y a lieu, par tout autre moyen de protection sociale ».

Comme vous pouvez le constater, la question de Sécurité sociale reste primordiale dans le monde. La Côte d’Ivoire, bien évidemment, ne reste pas en marge de ce développement social important. Les autorités du pays ont fait de ce secteur l’une de leurs priorités.

En effet, ce travail remarquable dans le domaine social Ivoirien est dû en grande partie à l’efficacité et à la stabilité de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS) durant ces dernières années.

Lors du dernier Forum CIAN (Conseil Français des Investisseurs en Afrique) le 23 Juin 2022 à Paris, la CNPS a livré les secrets de sa réussite à travers un atelier animé par son Directeur Général. « Désormais, nous sommes centrés sur le coeur de notre métier : le social. Il faut faire en sorte qu’on soit sur une gestion compétente et compétitive. On a investi dans plusieurs banques et certaines de nos actions représentent 20%. Nous avons également des parts dans le domaine de l’Energie, des Transports, du Logement et de la Santé. Tout cela permet d’injecter de l’argent dans l’Economie pour réduire la dépendance de notre pays vis-à-vis de l’Extérieur », a souligné Denis Charles Kouassi, DG de la CNPS.  

Mais pour arriver à ces résultats satisfaisants, la Caisse a dû faire des concessions lors des moments de forte crise. En fait, en 1990, plusieurs actions non utiles avaient été menées par l’entreprise. Ce sont entre autres, la création de 11 centres médicaux sociaux, l’achat de véhicules pour 30 chauffeurs engagés pour le transport du personnel et plusieurs autres charges pas nécessaires…

Conséquences : l’entreprise était en cessation de paiement des salaires et les résultats de l’audit révélaient qu’il fallait impérativement renvoyer 1000 salariés sur une durée de cinq ans.

Un schéma difficile pour la CNPS et particulièrement pour le directeur général actuel, Denis Charles Kouassi, qui venait de faire son entrée dans l’entreprise en tant qu’employé.

Inquiet pour son avenir, le nouveau salarié gardait tout de même une petite lueur d’espoir. La preuve, son DG de l’époque va lui confier la mission de faire une étude générale suite à l’audit réalisé par l’Etat Français.

Après son analyse approfondie de la situation, il en ressort qu’au lieu de 1000 agents, 500 personnes devraient être finalement licenciées en une seule fois. « La situation du recouvrement a commencé à s’améliorer donc on a plus eu besoin de faire partir toutes ces personnes. En se recentrant sur notre métier, on a fait en sorte d’avoir une gestion compétitive. Avec les partenaires sociaux, nous avons lutté pour obtenir le statut d’institution privée chargée de l’insertion d’un service public. Ces préalables étaient importants pour mettre en place un nouveau modèle économique… », a précisé M. Charles Kouassi.

Depuis ce statut privé, les choses vont bon train pour la CNPS. Les salaires sont désormais rehaussés et les dépenses ont été reculées avec un renforcement des ressources. De moins de 30 milliards de FCFA en 2011, le groupe est passé de plus de 8 milliards de FCFA en 2012. Et depuis 2019, il y a eu plus de 100 milliards de FCFA d’excédents…

En 2022, 140 milliards de FCFA d’excédents sont attendus et avant 2030, la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale compte atteindre les 200 milliards de FCFA d’excédents budgétaires.  « La CNPS a pu valoriser régulièrement les pensions des retraités grâce à ce modèle économique. De 2014 à 2022, on a fait 4 revalorisations de pensions de retraite : 8% en 2014, 5% en 2016, 2020 et 2022. Lorsqu’on fait le cumul, ça fait 25% de revalorisation de la retraite sur 8 ans. La santé financière qui continue nous permettra de faire des revalorisations chaque deux ans », renchérit Charles Kouassi.  

Plus tard, le groupe CNPS compte mettre en place un régime complémentaire par capitalisation pour les retraités…L’entreprise souhaite créer également, à côté des cotisations, une nouvelle source de financement pour maintenir le régime de répartition.

Quant aux travailleurs indépendants et ceux du secteur informel, 90% seront désormais couverts. Avec l’accord du gouvernement Ivoirien, la CNPS, depuis deux ans, a mis en place le régime des travailleurs indépendants et du secteur informel… « Quand on fait des projections dans ce secteur, d’ici 2030, c’est environ 800 milliards de FCFA qu’on doit pouvoir récupérer pour les injecter dans l’Economie et dans nos différents investissements… », explique le DG Charles Kouassi.

Enfin, très bonne nouvelle pour les industries culturelles et créatives. A la demande d’Asalfo, lead vocal du célèbre groupe Ivoirien Magic System et invité d’honneur de la conférence de la CNPS au CIAN 2022, le groupe va accompagner les projets artistiques afin de permettre aux artistes, un meilleur investissement. 

Herika Ouraga

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