UNE "PANAFRICAINE" A LA TÊTE D'ORAGROUP


Binta Touré Ndoye

Directrice générale d'Oragroup

C'est la nouvelle Directrice générale d'Oragroup, le groupe bancaire déjà présent dans une douzaine de pays d'Afrique et qui ne cesse de progresser. A l'image de sa nouvelle patronne à la carrière exemplaire qui se définit comme une « panafricaine » et le revendique.

De notre envoyé spécial à Bamako, Bruno Fanucchi

Binta Touré Ndoye ne fait jamais les choses à moitié. Et pour réussir dans le monde plutôt « macho » de la banque et de la finance, la nouvelle DG d'Oragroup s'en est très tôt donnée les moyens. Après des études en Allemagne, où elle arrive à l'âge de 9 ans, puis en France où elle obtient une maîtrise en gestion des affaires à l'Université de Grenoble, elle part aux Etats-Unis pour faire à l'Université d'Oklahoma un MBA en finance, économie internationale et de développement.

Munie de ce solide bagage, elle fait ses premiers pas dans la banque à Abidjan (Côte d'Ivoire) chez BNP Paribas et Ecobank. C'est dans ce groupe panafricain (fondé par le Togolais Gervais Koffi Djondo) qu'elle va rapidement gravir les échelons pour diriger bientôt à Bamako Ecobank Mali de 2007 à 2013, puis être chargée à Lomé des projets stratégiques du Groupe avant de prendre la direction d'Ecobank Togo pour quelques mois seulement en 2015.

Dans la capitale togolaise, elle rejoint en effet en septembre 2015 Oragroup, dont elle devient Directrice générale adjointe avant de succéder à Patrick Mestrallet le 1er juillet 2016. Un sans faute pour cette belle Malienne qui fait désormais partie du cercle restreint de ces nouvelles « femmes leaders » qui comptent sur le Continent.

"Je suis une fan de Salif Keita"

Mais quelle est la femme qui se cache derrière cette banquière au parcours hors pair ?

Peule née au Mali d'une mère malienne (qui fut l'une des premières journalistes du pays) et d'un père lui-aussi malien et ingénieur en électronique, Binta Touré Ndoye se veut avant tout « une femme panafricaine » et assume avec fierté cet héritage.

« J'ai un grand-père sénégalais et une grand-mère burkinabé et je me sens avant tout panafricaine », explique-t-elle. C'est à coup sûr cette diversité qui fait sa richesse, qu'elle veut transmettre en priorité à ses enfants. Car « la famille est pour moi très importante », confie-t-elle, « et j'ai toujours eu la volonté de bien réussir ma vie familiale ». Comment celle-ci s'organise-t-elle avec un poste stratégique à Lomé, mais deux garçons (de 14 et 16 ans) restés étudier à Bamako ? « J'essaie tout simplement d'y revenir le plus souvent possible le week-end... ».

Reste les loisirs dans le peu de temps libre que lui laisse son métier. « Je lis beaucoup. J'adore tout ce qui est auto-biographique. J'écoute aussi beaucoup de musique, en ayant toujours le goût de l'authentique. Je suis plutôt classique. Je suis une fan de Salif Keita, qui a une si belle voix. Mais j'aime aussi beaucoup la musique engagée... ».

"J'ai la chance d'avoir de bons collaborateurs"

Ce qui ne l'empêche pas d'avoir d'ambitieux programmes pour le dévelopement d'Oragroup dont elle a désormais la charge et dont elle fixe les lignes directrices pour en améliorer encore les performances. Présente en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale, la banque compte à ce jour 1.650 collaborateurs et dispose de 126 agences réparties dans douze pays. Pour un bilan affiché de 1.492 milliards de francs CFA (2,2 milliards d'euros) d'actifs en 2016. Un défi difficile à relever, mais bel et bien à sa portée. « Il faut savoir innover », souligne-t-elle, en se fixant pour objectif de «constituer un groupe bancaire panafricain de référence, de renforcer les synergies du Groupe et d'optimiser ses compétences ».

Avant de conclure : « Je ne suis pas une wonder woman. J'ai seulement une forte ambition pour le groupe et la chance d'avoir de bons collaborateurs ». Car la banque, c'est aussi un travail d'équipe. Cette lucidité est sans doute l'une des clés de sa réussite.