La Côte d’Ivoire face au défi du Covid-19

La Côte d’Ivoire face au défi du Covid-19

Dr Eugène Ouélé Aka, Ministre ivoirien de la Santé et de l'Hygiène Publique en première ligne de la lutte contre le COVID-19 qui prend des proportions inquiétantes en Côte d'Ivoire.


 

Depuis le premier cas connu de Covid-19 en Côte d’Ivoire, le 11 mars dernier, le gouvernement ivoirien a pris plusieurs mesures d'urgence pour faire face aux conséquences économiques et sociales. Les mesures concernaient essentiellement les familles vulnérables, les entreprises ainsi que toutes les couches défavorisées du pays. Des mesures jugées encore bien insuffisantes.

Par Ahmed Coulibaly

Comme dans tous les pays du monde, le quotidien des Ivoiriens a complètement changé durant ces trois derniers mois à cause de la pandémie qui a fait à ce jour 45 décès, 4684 cas dencontaminations confirmées et 2263 guéris. Un nouveau rythme de vie s’est imposé aux populations avec le confinement, causant ainsi la fermeture de plusieurs entreprises et l’augmentation du chômage dans le Grand Abidjan. Face à toutes ces difficultés, le gouvernement ivoirien a décidé de venir en aide aux populations en proposant un plan de soutien économique, social et humanitaire depuis le 22 mai dernier.

Ce plan prévoit la mise en œuvre de quatre fonds de soutien : un fonds pour les grandes entreprises d’un montant global de 1,132 milliard de FCFA, un autre pour les PME d'un montant total de 48 millions de FCFA, un fonds de soutien aux acteurs du secteur informel, prenant en compte seulement 1 260 bénéficiaires, et un fonds de solidarité et de soutien d’urgence humanitaire (dont 45 457 personnes bénéficieront de 50 000 FCFA chacun) d'un montant total de 2,3 milliards de F CFA.

Ce plan prévoit enfin un soutien aux travailleurs dont le contrat de travail a été résilié ou suspendu du fait du Covid-19, ainsi que la mise en place d'un appui de l’Etat aux filières agricoles affectées par la pandémie.

Des critères de sélection qui restent inconnus

Malgré les efforts du gouvernement, certaines populations se sentent cependant exclues en raison de la procédure adoptée pour ces allocations exceptionnelles. Elles estiment que les dons sont faits en fonction des appartenances politiques et des relations personnelles. En ce qui concerne, par exemple, le fonds de solidarité et de soutien humanitaire, les virements sont effectués via des comptes mobiles money. Certains, notamment au sein de l’opposition politique, s’indignent de ce moyen de distribution alors que les populations les plus pauvres ont parfois du mal à avoir un téléphone portable. D'autres saluent l’initiative, mêmes s'ils déplorent les critères de sélection des bénéficiaires, qui restent jusqu’à présent inconnus du grand public. 

A cela, s’ajoute la stagnation des prix des denrées alimentaires de base tel que le riz, l’huile, le sucre, etc. Sans parler des difficultés liées à l’acquisition des produits sanitaires de première nécessité comme les gels hydro-alcooliques qui reviennent chers du fait de la spéculation des prix, les cache-nez et autres savons désinfectants, entraînant ainsi le non-respect des mesures d’hygiène dans certaines agglomérations du Grand-Abidjan malgré l’obligation du port du masque dans les lieux publics.

En dépit de ces difficultés économiques et sociales, les populations reprennent progressivement leurs anciennes habitudes même si plane encore le danger de la contamination, car le pays est bien entendu confronté au risque de voir son économie s’effondrer... si une certaine activité ne reprend pas rapidement, notamment dans le secteur informel.

Ahmed Coulibaly

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