Education nationale en Côte d'Ivoire : Les chiffres officiels de Kandia Camara confrontés aux réalités sur le terrain

Education nationale en Côte d'Ivoire : Les chiffres officiels de Kandia Camara confrontés aux réalités sur le terrain

Kandia CAMARA
Ministre ivoirienne de l’Education Nationale, de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle


Après avoir donné l'assurance d'une rentrée scolaire 2019-2020 sans encombre lors d'un Conseil des ministres tenu à Yamoussoukro, la capitale politique ivoirienne, la ministre de l’Education nationale, Kandia Camara, a-t-elle occulté, à dessein, les réalités du terrain ?

Par Eugène Yobouet, correspondant permanent à Abidjan

En Côte d'Ivoire, la rentrée scolaire 2019-2020 a été lancée en grande pompe, le 11 septembre dernier, au cours de la traditionnelle réunion de rentrée qui a eu lieu au Lycée d’excellence Alassane Ouattara de l’Amitié ivoiro-chinoise de Grand-Bassam. A cette occasion, Mme Kandia Camara, ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle a tenu un discours rassurant à l’égard des parents d’élèves.

« Je ne saurais passer sous silence les mouvements d’humeur qui ont malencontreusement perturbé la précédente année scolaire. Il nous appartient d’en tirer les leçons, toutes les leçons. Dans l’accomplissement de nos missions respectives, nous devons impérativement faire preuve de retenue, en conformité avec notre rôle social de formateurs. Cette année, il n’y a pas de palabre. Je voudrais saluer l’esprit qui prévaut en ce moment au sein de la communauté éducative. C’est vrai que l’année dernière a été mouvementée, mais nous avons fait la paix », a rassuré Kandia Camara.

Selon la ministre, quelque 10 300 nouveaux enseignants (dont 5 300 instituteurs, 3 000 professeurs de collège et 2 000 professeurs de lycée) ont été recrutés pour cette année scolaire en complément des enseignants issus de nos traditionnales instituts de formation. Soit 2 500 professeurs issus de l’Ecole normale supérieure (ENS) et 5 000 instituteurs sortant des Centres d’animation et de formation pédagogique (CAFOP).

Pour l’enseignement général, cette année enregistre de surcroît l’ouverture de 3 077 nouvelles salles de classes publiques d’enseignement préscolaire et primaire, 21 nouveaux collèges modernes et un lycée scientifique : le Lycée d’excellence Alassane Ouattara de l’amitié ivoiro-chinoise de Grand-Bassam. Il est également prévu cette année l’acquisition de plus de 517 000 tables-bancs additionnels, ainsi que la construction de 8 400 latrines.

"Rien n’a été fait..." 

Ces dispositions garantissent-elles pour autant une année scolaire réussie ? Pas si sûr. Car, une semaine seulement après avoir tenu ces propos, la ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle est confrontée à une crise naissante. En effet, la coordination des associations de promoteurs des écoles privées de Côte d’Ivoire est montée au créneau -  au cours d’une conférence de presse fort animée le 18 septembre - pour dénoncer le non-paiement des 50 % des créances dûes par l’État. Et ce, malgré la promesse faite par Mme Kandia Camara.

« Rien n’a été fait et les mandats de l’enseignement technique et de la formation professionnelle sont encore sur le bureau du contrôleur financier. Alors que les sommes que nous réclamons ont été prises en compte dans le budget 2019, lequel arrive à son terme le 31 décembre », a ainsi dénoncé Bamba Maurice, le secrétaire général de ladite association.

A cela, il faut ajouter un grand déficit d’enseignants. Un problème face auquel les directeurs régionaux de l’éducation semblent être désarmés. Dans les régions, les directeurs de l’éducation ne cessent de le signifier. Le directeur régional de l’Education nationale de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle, Bolou Bi Trah, a exprimé à l’assistance un besoin de 194 enseignants dans la région du Folon, afin de combler le déficit en personnel enseignant. Récemment, ce sont les responsables du Lycée de Bouna qui lançaient un cri de détresse suite à un déficit de 25 enseignants. Dans la région du N’Zi, qui vient d'accueillir le Président de la République, c’est un déficit de 347 enseignants (en secondaire et primaire) qui est déploré par la direction régionale de l’Education nationale, de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle. Les exemples sont légion.

Comme on le constate, même si la ministre Kandia Camara se réjouit d’avoir fait la paix avec les syndicats, pour éviter d’éventuelles grèves, il y a d’autres réalités, comme le déficit d’enseignants, auxquelles le gouvernement doit faire face, afin de garantir aux parents d’élèves une année scolaire 2019-2020 réussie.

Eugène Yobouet, correspondant permanent à Abidjan (Côte d'Ivoire)

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