2ème édition du Forum international des femmes d’Abidjan : La rencontre boudée par les autorités ivoiriennes

2ème édition du Forum international des femmes d’Abidjan : La rencontre boudée par les autorités ivoiriennes

Abidjan, capitale économique ivoirienne, a accueilli les 4 et 5 juillet le 2ème Forum International des Femmes Entreprenantes et Dynamiques (FIED), dont les travaux ont porté sur les TIC, l’entreprenariat, l’innovation et l’autonomisation de la femme africaine. Mais cette rencontre à caractère économique et social a été curieusement boudée par les autorités ivoiriennes.  En dépit de la présence de l'ancienne Présidente de Centrafrique, Mme Catherine Samba-Panza, marraine de l'événement.

De notre envoyé spécial à Abidjan, Clément YAO

« Les TIC : une mine d’opportunités pour les femmes rurales et urbaines ». Tel était le thème de l’édition 2019 du FIED qui a réuni durant deux journées d’intenses travaux et de réflexions des ONG, des femmes chefs d’entreprise, des femmes leaders (…) venues d’Afrique, d’Europe et des Etats-Unis d’Amérique. Parmi les participantes venues de France, pays mis à l’honneur cette année, Mme Christine Jouan Bruneau, maire-adjointe de Boulogne- Billancourt et présidente de l’association « Femmes de Demain », très présente sur le terrain africain. Une délégation des femmes chefs d’entreprise de la Principauté de Monaco était également présente.

Lorsque l’on évalue les progrès accomplis vers la réalisation des 17 Objectifs de développement durable (ODD) d’ici 2030 – les ODD étant la boussole à suivre pour parvenir à un monde meilleur – les femmes sont les pionnières de la lutte contre la pauvreté, les inégalités, la dégradation de l’environnement, la protection du climat, la justice et la paix. Malheureusement, cette reconnaissance du rôle avant-gardiste de la femme n’est pas suffisamment soutenue, voire martelée, sur les plus hautes tribunes notamment en Afrique où les femmes jouent pourtant le premier rôle dans l’économie du Continent.   

A Abidjan, l’ONG « Femmes entreprenantes et dynamiques » fondée par Djelika Yéo, qui œuvre depuis quelques années à la promotion et à l’autonomisation de la femme ivoirienne à travers des formations spécifiques et des rendez-vous périodiques comme celui de ce Forum international (créant un cadre propice d’échanges d’expériences et surtout de rencontres débouchant sur de nombreux partenariats) n’est pas en reste. Le peu d’attention et de soutien réservé à cette initiative d’utilité publique par les autorités ivoiriennes a offusqué et outré plus d’un invité venu de l’étranger.

L’absence visible et remarquée des autorités politiques et administratives du pays hôte de cette 2ème édition du FIED - à quelques exceptions près bien sûr - a malheureusement démontré encore une fois le peu d’intérêt que l’on accorde à ce type d’événement apolitique, en dépit de son caractère international et de son importance pour les populations les plus démunies. Or, l’édition du FIED 2019 tout comme celle de l’année dernière, a enregistré pourtant la venue et la participation de personnalités de qualité et non des moindres. Sur les deux éditions, Abidjan avait accueilli un ancien chef de l’Etat, deux représentantes pays du système des Nations unies, des membres de cabinet de Premières dames de pays voisins, des ministres, des diplomates accrédités, des délégations étrangères venues de pays amis, des chefs d’entreprises côtées en bourse, des têtes couronnées dont une princesse venue du Koweït. Mais cela n’a pas suffi à faire déplacer des personnalités de premier rang du côté du Palais présidentiel, de la Primature ou du gouvernement pour honorer la Côte d’Ivoire, les invités et les organisateurs. Quel dommage !

Un Observatoire panafricain du leadership féminin

En dépit de cette défection des officiels ivoiriens, cela n’a rien enlevé à la qualité de ce Forum qui a répondu à l’attente des participants. Marraine de cette 2ème édition, Mme Catherine Samba-Panza, ancien chef de l'Etat de la transition en Centrafrique, a pris de son temps pour assister à la cérémonie d’ouverture comme aux deux journées de débats autour des panels et bien entendu au dîner de gala au cours duquel furent récompensées les femmes les plus méritantes de l’année 2019.

Les travaux de cette 2ème édition du FIED se sont achevés sur une série de recommandations, dont une spécialement adressée aux pouvoirs publics pour les inciter à avoir une oreille plus attentive aux préoccupations des femmes, notamment celles qui souffrent le plus dans les milieux ruraux.    

« Au moment où nous célébrons, par ce dîner de gala, l’apothéose de ces deux jours d’intenses échanges et de solutions pour la meilleure façon pour les femmes africaines de s’approprier les technologies de l’information et de la communication, permettez-moi encore une fois, de me féliciter d’avoir été la marraine de cet événement », s’est-elle réjouie dans une salle archicomble de convives.

Mme Catherine Samba-Panza a d’ailleurs reçu une distinction spéciale pour avoir réussi à organiser, dans un environnement hostile, des élections présidentielles dans une Centrafrique quasiment en guerre, et également pour avoir mener à bien son combat « sans relâche et infatigable pour la cause de la femme africaine » au travers de l'Observatoire panafricain du leadership féminin (OPALEF), l'organisation qu'elle préside.

Au terme de sa participation au FIED, l’ancien maire de Bangui, qui était accompagnée, pour la circonstance, à Abidjan de son premier vice-président, Me Sylvain Attoh-Mensah, a adressé un message d’espoir et de solidarité aux femmes ivoiriennes et aux femmes venues d’ailleurs.

« Plus que jamais, je suis convaincue de la justesse de l’initiative de l’OPALEF de constituer un vaste mouvement de synergie d’actions et d’initiatives en faveur du leadership et de l’autonomisation de la femme africaine », a-t-elle laissé entendre.

Ce mouvement sera lancé en mars 2020 à Libreville au Gabon et donnera naissance au Haut conseil africain pour le leadership et l’autonomisation de la femme (HCALAF). Une structure, comme l’a si bien expliqué son initiatrice, aura pour mission de « coordonner toutes initiatives en affectant à chaque forum un domaine précis d’actions et d’initiatives en faveur de la femme. » Le but étant d’arriver à mutualiser, de façon efficace et efficiente, toutes les initiatives féminines à travers le Continent. 

Occasion pour la marraine de l'événement de rendre, à son tour, un hommage mérité à Mme Djelika Yéo, l’organisatrice dudit Forum, et de la proposer parmi les futures nominées du « Prix du leadership et de l’innovation féminine » qui sera décerné en 2021 à Rabat, au Maroc, à l’occasion de la quatrième édition du forum de l’OPALEF.

Cette 2ème édition du FIED a également reçu le soutien de hautes personnalités extérieures, par message vidéo, diffusés lors du dîner de gala. C’est le cas de la ministre tunisienne de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Seniors, Mme Neziha Labidi, et de Mme Axelle Lemaire, ancienne députée et Secrétaire d’Etat française au Numérique et à l’Innovation, aujourd’hui en poste en tant qu’associée à Roland Berger, un des plus grands cabinets de conseil et stratégie d’Europe. 

Clément Yao

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