Comores : La communauté internationale légitime la réélection du président Azali

Comores : La communauté internationale légitime la réélection du président Azali

Le président comorien Azali Assoumani réélu dès le premier tour de la présidentielle du 24 mars est devenu le chouchou de la Russie et de la Chine. 


L’opposition continue de contester la victoire du président comorien Azali Assoumani, mais sa réélection est saluée par les organisations sous-régionales, le monde arabe, la Russie et la Chine qui ont clairement affiché leurs intentions de renforcer leur coopération diplomatique avec les Comores.

De notre envoyé spécial à Moroni, Clément Yao

L’opposition comorienne va-t-elle baisser les bras devant le ballet diplomatique de reconnaissance de la victoire du président sortant Azali Assoumani ? Déclaré vainqueur du premier tour de la présidentielle du 24 mars dernier, le chef de l’Etat comorien – dont la victoire électorale a été confirmée par la Cour suprême le 2 avril - reçoit presque tous les jours des lettres de félicitations des organisations de la région et de plusieurs puissances étrangères. Dont la Russie et la Chine. Les trois autres membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu, que sont la France, son partenaire historique, la Grande Bretagne et les Etats-Unis, semblent pour l'heure beaucoup plus réservés. 

Pendant que Français, Américains et Britanniques semblent bouder la réélection du président Azali, les puissances de l’ancien bloc de l’Est affinent leur stratégie géopolitique dans l’Océan indien. Les Russes, déjà très présents dans la région, ont été les premiers à se manifester. Vladimir Poutine n’a pas hésité un seul instant à reconnaître la victoire du président Azali Assoumani avant même la confirmation des résultats par la Cour suprême de Moroni.

La lettre envoyée via l’Ambassade de la Fédération de Russie à Antananarivo à Madagascar en dit long sur les intentions de Moscou dans cette région de l’Océan indien qui donne – il est vrai - accès au Canal de Mozambique. Ce bras de mer de l'Océan indien séparant l'île de Madagascar du Mozambique, supposé abriter d'importantes ressources énergétiques, semble en effet attirer les appétits des puissances militaires comme la Russie.

Russes et Chinois avancent leurs pions

« Cher Monsieur Assoumani ! Veuillez agréer mes sincères félicitations à l’occasion de votre réélection au poste de Président. Je compte que les relations russo-comoriennes amicales et la coopération bilatérale constructive continueront à se développer pour le bien de nos peuples, dans l’intérêt du renforcement de la sécurité et de la stabilité régionales. Je vous souhaite plein succès dans les activités si responsables à la tête d’Etat, ainsi que bonne santé et bien-être », a écrit le président Poutine en personne.

Alliée de la Russie, la Chine lui a emboîté le pas. Par la voix du porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, la première puissance économique mondiale n'a pas caché ses intentions de renforcer ses liens avec le régime Azali. « Nous notons que la Cour suprême des Comores a annoncé les résultats de l’élection présidentielle et nous félicitons S.E.M. Azali Assoumani pour sa réélection à la magistrature suprême de l’Union des Comores. La Chine et les Comores entretiennent des relations amicales traditionnelles. La partie chinoise attache une grande importance au développement des relations bilatérales, et est prête à travailler main dans la main avec le nouveau gouvernement comorien pour renforcer la coopération amicale entre les deux pays dans divers domaines dans le cadre du Forum de coopération sino-arabe, afin de pousser leurs relations amicales et coopératives à un niveau plus élevé. » Voilà qui est dit !

Outre la Russie de Vladimir Poutine et la Chine de Xi Jinping, le Roi Salman et le Principe Héritier d'Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis par les voix de son président Sheikh Khalifa, du Vice-président Sheik Mohammed Ben Rachid et du Prince héritier d’Abu Dhabi, Sheikh Mohammed Ben Zaid, ont adressé leurs vœux de félicitations et de réussite au président comorien Azali Assoumani. 

La reconnaissance du Roi du Maroc, des chefs de l'Etat camerounais et malgache

Du côté du continent africain, le Roi du Maroc, Sa Majesté Mohamed VI, a été le premier à féliciter son « frère Azali Assoumani, suite à sa réélection ». Dans la foulée, le Camerounais Paul Biya et le voisin malgache Andry Rajoelina ont, à leur tour, adressé leurs félicitations au président Azali.

Les organisations sous-régionales de cette partie du continent ne sont pas en reste. La Communauté des Etats Sahélo-sahariens (CEN-SAD) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) ont tous reconnu la victoire du président Azali Assoumani, en dépit de la contestation de l’opposition comorienne qui les a pourtant saisies pour faire entendre ses désiderata et les pousser à prendre des sanctions contre le régime de Moroni. C’est presque peine perdue !

Face à cette vague de reconnaissances officielles et de félicitations, la voix de l’opposition comorienne risque fort d’être inaudible. Au plan international, le moins qu’on puisse dire, c’est que sa marge de manœuvre s’est rétrécie. Au plan national, elle s’est coupée de toute voie légale de recours devant les instances juridiques du pays pour avoir décidé de boycotter en plein scrutin le processus électoral. En temps normal, c’est la Cour suprême qu’elle devrait saisir pour dénoncer ce qu’elle qualifie encore de « coup d’Etat électoral ».

Quelle autre alternative lui reste-t-elle ? Très certainement celle des manifestations populaires comme elle l’a fait savoir lors de la conférence de presse conjointe animée par les douze candidats de l’opposition dès le 26 mars dernier à Moroni. Ils avaient alors appelé la population à se ranger derrière elle pour « renverser le régime ». Or, c’est sur cette voie insurrectionnelle très risquée que le pouvoir en place compte agir avec fermeté pour préserver la paix sociale. L’opposant Soilihi Mohamed dit « Campagnard » en a fait les frais. Cet ancien Chef d’Etat-major de l’armée comorienne, qui avait déclaré prendre la tête d’un Conseil national de transition pour régler le contentieux électoral, a été arrêté pour « incitation à la rébellion ».

Il est clair que le président Azali Assoumani, qui a déjà la tête plongée dans son ambitieux programme « Comores émergent » en 2030 pour faire des Comores « un pays uni, stable et prospère », ne laissera pas ses opposants « mécontents » perturber la quiétude de l’archipel et le retour très attendu des investisseurs.

Clément Yao

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