Côte d'Ivoire : Alassane Ouattara entretient le mystère sur sa candidature en 2025

Côte d'Ivoire : Alassane Ouattara entretient le mystère sur sa candidature en 2025

À moins de dix mois de l'élection présidentielle ivoirienne prévue en octobre 2025, le président Alassane Ouattara maintient le suspense sur sa participation au scrutin. Dans un contexte politique en pleine mutation, cette posture soulève de nombreuses questions sur l'avenir politique de la Côte d'Ivoire.

Un président qui garde toutes les options ouvertes

Lors de ses vœux au corps diplomatique, le jeudi 9 janvier dernier, le président ivoirien déclarait « A la date d’aujourd’hui, je n’ai pas encore pris de décision. Mais je peux aussi vous rassurer [sur le fait] que je suis en pleine santé et désireux de continuer de servir mon pays. »

Selon les analystes politique avertis, Alassane Ouattara a soigneusement évité de clarifier ses intentions, déclarant n'avoir "pas encore pris de décision" tout en soulignant sa "pleine santé" et son désir de "continuer à servir" son pays. En mentionnant qu'il est "en pleine santé", Ouattara anticipe et répond aux critiques potentielles sur son âge (82 ans), envoie un message de force et de capacité à gouverner et il contrecarre les rumeurs éventuelles sur son état de santé

L'expression "désireux de continuer de servir mon pays" est révélatrice car elle présente une potentielle candidature comme un "sacrifice" pour la nation et se pose en serviteur de l'État plutôt qu'en chercheur de pouvoir et légitime par avance une éventuelle nouvelle candidature. 

Cette communication mesurée et bien orchestrée traduit une stratégie politique bien rodée, permettant au chef de l'État ivoirien de conserver sa position centrale dans le jeu politique ivoirien. Elle permet aussi à Ouattara de garder le contrôle du tempo politique tout en observant les réactions des différents acteurs nationaux et internationaux.

À 82 ans, Alassane Ouattara fait face à plusieurs défis. Sa candidature éventuelle soulèverait inévitablement des débats sur le renouvellement générationnel de la classe politique ivoirienne. De plus, après trois mandats à la tête du pays, une nouvelle candidature pourrait raviver les tensions autour de la question de l'alternance démocratique. Posant ainsi la question d’une succession politique complexe. 

En effet au sein du RHDP (Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix), parti au pouvoir, la question de la succession reste entière. Si plusieurs cadres semblent positionnés pour prendre la relève, aucun dauphin n'a été officiellement désigné, maintenant ainsi la cohésion du parti autour de la figure présidentielle. Ouattara, lui-même, déclarait récemment devant le corps diplomatique que son parti dispose d’une demi-douzaine de potentiels candidats en capacité de lui succéder.   

Une opposition désemparée 

L'opposition ivoirienne, qui se prépare déjà pour l'échéance de 2025, observe attentivement les mouvements du président. Les principaux partis d'opposition, notamment le PDCI et le PPA-CI, pourraient adapter leur stratégie en fonction de la décision finale d'Ouattara.

Un contexte régional particulier 

La décision d'Ouattara s'inscrit dans un contexte ouest-africain marqué par l'instabilité politique dans plusieurs pays voisins. La Côte d'Ivoire, considérée comme un pôle de stabilité dans la région, voit son président jongler entre les attentes de changement et les impératifs de continuité politique. Ce contexte régional d’instabilité peut être un bon motif pour le président ivoirien de rempiler pour un 4ème mandat en se positionnant comme le garant de la stabilité de la Côte d’Ivoire. 

Quelle que soit la décision finale du président Ouattara, l'élection de 2025 représentera un moment crucial pour la démocratie ivoirienne. Le pays devra concilier les aspirations au changement d'une population majoritairement jeune avec les impératifs de stabilité politique et de développement économique.

La décision du président sortant, attendue dans les mois à venir, sera déterminante pour l'avenir politique de la Côte d'Ivoire et pourrait redessiner le paysage politique du pays pour les années à venir.

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