Côte d’Ivoire : Alikari Méité : « J'ai rejoint l'opposition car notre Constitution a été bafouée !»

Côte d’Ivoire : Alikari Méité : « J'ai rejoint l'opposition car notre Constitution a été bafouée !»

Sa candidature pour la présidentielle du 31 octobre 2020 en Côte d’Ivoire en avait surpris plus d’un. Même s’il a été évincé de la course, Alikari Méité (chef d'entreprise influent de la diaspora ivoirienne en région parisienne) veut désormais mener son combat pour « sauver » la Côte d’Ivoire avec l’ensemble des partis de l’opposition. Reportage.

Par Herika Ouraga

Il espérait changer les codes avec sa candidature en apportant du sang neuf à la classe politique ivoirienne vieillissante. Mais le Conseil constitutionnel de Côte d’Ivoire en a décidé autrement. Chef d’entreprise (Instructeur-formateur en sécurité, sûreté, prévention incendie et en anti-terrorisme) en région parisienne, Alikari Méité (43 ans) ne baisse pas les bras pour autant.

Comme quarante des 44 candidats en lice pour la présidentielle du 31 octobre 2020 en Côte d’Ivoire, c’est avec consternation qu’Alikari Méité a vu sa candidature rejetée par le Conseil constitutionnel – complètement aux ordres du pouvoir - au soir du 14 septembre 2020.

Le jeune candidat ambitieux s’était pourtant bien organisé. Il avait mis, en effet, tous les moyens de son côté pour obtenir ses parrainages et déposer son dossier dans les délais impartis, afin d’être irréprochable pour cette échéance cruciale dans son pays d’origine. « Nous avons obtenu nos parrainages dans les 17 régions et districts autonomes de la Côte d’Ivoire avec quelques difficultés… Mais les Ivoiriens ont compris lors de nos différents échanges qu’une autre façon de faire de la politique est possible », souligne Alikari Méité, l’éphémère candidat indépendant.

« L’honnêteté de notre démarche a été appréciée »

Dans la course aux parrainages, Alikari Méité a rencontré bien des embûches sur son chemin… N’eût été les encouragements de certains habitants dans les régions, il aurait déjà jeté l’éponge. « Sur le terrain, nous avons été pris au sérieux, avons travaillé de manière minutieuse et rigoureuse. L’honnêteté de notre démarche a été appréciée par les Ivoiriennes et Ivoiriens que nous avons rencontrés. Plusieurs mères de familles me disaient de ne pas reculer… C’est la raison pour laquelle je suis allé jusqu’au bout », confie le persévérant Alikari Méité.

De son côté, l’opposition ivoirienne n’est pas restée les bras croisés après cette annonce tant attendue du Conseil constitutionnel. Le 17 septembre dernier à Paris, Guillaume Soro, l’ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, a appelé les partis de l’opposition à s’unir, pour « stopper » le président sortant Alassane Ouattara, dont la candidature « anticonstutionnelle » à un troisième mandat a pourtant été validée par ce même Conseil constitutionnel.

Quelques jours plus tard, c’était au tour des autres partis de l’opposition de répondre à l’appel du président de GPS (Générations et Peuples Solidaires) Guillaume Soro, afin d’empêcher la candidature « illégale » et « anticonstitutionnelle » du candidat du RHDP Alassane Ouattara. Une ligne de conduite parfaitement suivie par le diplômé de la Faculté de Géographie de l’Université de Paris 8, Alikari Méité.

« J’ai rejoint l’opposition pour plusieurs raisons. La première c’est que l’article 54 de notre Constitution a été bafoué par le pouvoir en place. La deuxième raison : nos institutions (CEI et Conseil constitutionnel) ne sont plus crédibles pour valider des décisions sorties des urnes. C’était enfin une évidence de rejoindre l’opposition car seul on va peut-être vite, mais ensemble on va plus loin… », explique-t-il.

« La question de la jeunesse est cruciale »

Même si sa priorité est de se faire connaître dans les médias, Alikari Méité s’attache toujours à son idée d’être encore plus proche des Ivoiriens. Objectif affiché : expliquer au mieux son programme de développement pour la Côte d’Ivoire. « Notre programme est novateur et très en phase avec les aspirations et besoins des Ivoiriens. Ce programme a été réalisé durant notre tournée dans les régions avec l’ensemble des populations : enseignants, médecins, magistrats, soldats, étudiants, demandeurs d’emploi, jeunes déscolarisés, mères au foyer....».

Dans son programme électoral dont il s’abstient pour le moment de dévoiler toutes les cartes, Alikari Méité ne met pas la jeunesse aux oubliettes. Bien au contraire, elle y occupe une place prépondérante. « La question de la jeunesse est cruciale : plus de la moitié de la population ivoirienne est jeune. Cette jeunesse doit être l’avenir du pays, mais malheureusement on constate qu’elle a été oubliée par nos différents politiciens. J’ai décidé de leur redonner confiance en leur permettant d’exprimer leur créativité tout en prévoyant un investissement massif dans la formation et la création d’entreprise. Je veux aussi les orienter et les accompagner en facilitant le crédit productif », promet-il.

Sans toutefois abandonner son projet d’être un jour président de la République de Côte d’Ivoire, le « fils du pays », Alikari Méité, appelle d’ores et déjà, à l’union de tous les Ivoiriens afin de bâtir, main dans la main, la Côte d’Ivoire de demain. Et pour atteindre ses objectifs, « Monsieur Ali » peut compter sur le soutien sans failles de son épouse et de ses trois enfants. La famille, c'est sacré !

Herika Ouraga

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