Investissements en Côte d’Ivoire : Les bons plans du Trésor pour attirer l’épargne de la diaspora ivoirienne

Investissements en Côte d’Ivoire : Les bons plans du Trésor pour attirer l’épargne de la diaspora ivoirienne

Après le succès des « euro-bonds », auxquels ont massivement souscrit les investisseurs étrangers, le gouvernement ivoirien s’intéresse désormais à l’épargne de ses ressortissants vivant à l’étranger.

Par Clément Yao 

On se souvient qu’en 2017, les « euro-bonds » émis par le Trésor ivoirien avaient permis à la Côte d’Ivoire de récolter 1,7 milliard d'euros soit l’équivalent de 1.115,1 milliards de Francs CFA. « Il s’agit de ressources étrangères. Mais avant de solliciter l’argent des étrangers, il faut compter sur soi-même », fait observer le payeur général du Trésor ivoirien, Cissé Abdoul Kader. A la tête d’une délégation, qui sillonne les capitales du monde pour « développer la culture de l’épargne via les marchés financiers auprès des Ivoiriens établis hors de la Côte d’Ivoire », il avait réuni le samedi 26 octobre dernier dans un hôtel parisien les Ivoiriens de France pour leur présenter un nouveau produit dénommé « Diaspora bond ».

Le Trésor public de Côte d’Ivoire émet, en effet, sur le marché financier national et régional, un emprunt obligataire par appel public à l’épargne des nationaux et de la diaspora. Le prix de l’Obligation et des Bons s’élève à 10 000 Francs CFA (15 euros). L’opération offre une rémunération avec des taux d’intérêt annuel variables en fonction de la durée de souscription. Le remboursement du capital investi pour le cas des Obligations se fait par paiement annuel des intérêts alors que le remboursement des Bons se fait à la demande expresse du client, par anticipation ou à l’échéance selon le cas, cinq jours avant la date limite. A terme, il s’agit de passer d’un produit financier ordinaire à des produits spécifiques pour la diaspora.

« L’Ivoirien vivant à l’étranger est gagnant parce qu’il place son argent dans des ressources sûres et rentables. Le rôle de l’Etat est de répondre aux besoins d’investissement des Ivoiriens où qu’ils soient. Quand on est à l’étranger, on a besoin d’investir dans son pays d’origine », explique Cissé Abdoul Kader. 

« Le Trésor public s’est inscrit dans l’optimisation des ressources intérieures. Il faut donc présenter des produits pour gagner de nouveaux investisseurs, en l’occurrence de la diaspora ivoirienne. Cette initiative a été bien réfléchie et nourrie. Cette mission de sensibilisation s’inscrit dans la stratégie de mobilisation de l’Etat qui sollicite cette source alternative de financement qui est l’épargne de la diaspora », renchérit Antoine Yoboué, conseiller technique au Trésor public ivoirien. 

Au demeurant, si les Ivoiriens de l’étranger, dont le potentiel financier se manifeste à travers la microfinance, la création de petites entreprises, l'investissement dans l'immobilier et les réseaux de distribution et transfert de capitaux, adhèrent en grand nombre à cette opération, celle-ci devrait connaître approximativement le même succès que les « euro-bonds ».

Mais ce n’est pas gagner par avance. Cette diaspora transfère en moyenne en Côte d’Ivoire un peu plus de 200 milliards de Francs CFA, soit 1% à 2% du Produit Intérieur Brut (PIB).

La mise en place de la « Diaspora bond » devrait permettre de drainer une épargne sûre exploitable dans le cadre du développement socio-économique de la Côte d’Ivoire. « Cette épargne représente une source de financement stable et à coût moindre, comparé aux financements offerts sur les marchés internationaux des capitaux », selon bien des experts.

A l’approche de la prochaine échéance présidentielle, cette opération ne pourrait-elle pas être soupçonnée d’être un prétexte pour renflouer les caisses de l’Etat en période électorale ? « Il faut éviter la confusion », répond Cissé Abdoul Kader. « Il est vrai qu’il y a des joutes électorales, mais cela n’empêche pas l’Etat de fonctionner. Que nous soyons en année électorale ou non, l’Etat a des besoins d’interventions publiques pour ses tâches régaliennes. Les ressources de l’Etat sont constituées à la fois de ses ressources propres, mais également des emprunts sur le marché. L’opération que nous menons répond à cette part qui a besoin d’être renflouée », justifie-t-il.

Les envoyés de l’Etat se sont voulus également rassurants à l’égard de leurs concitoyens qui ont perdu leurs épargnes et investissements dans des opérations de ventes immobilières ou encore dans l’agrobusiness, opérations qui se sont soldées par des échecs. « Mais, ici, il s’agit d’une opération menée par l’Etat. Avec l’Etat, vous ne pouvez jamais perdre votre argent. L’Etat perdure quoiqu’il arrive parce que l’Etat est la garantie. C’est un investissement sain, sécurisé et rentable », martèle le payeur général du Trésor. 

Après l’étape de la France, la délégation du Trésor conduite par Cissé Abdoul Kader poursuit sa campagne d’explication et de sensibilisation sur la « Diaspora Bond » dans plusieurs autres capitales européennes.

Clément Yao

Galerie Photo


Plus d'images

COMMENTAIRES