La 12ème édition du FIMA : Le prochain défi d'Alphadi

La 12ème édition du FIMA  : Le prochain défi d'Alphadi

Le créateur de mode Alphadi initiateur du Festival International de la Mode en Afrique (FIMA) Photo @Benjamin Reverdit

 


La 12ème édition du FIMA (Festival International de la Mode en Afrique) se tiendra du 4 au 7 juillet à Niamey, en amont du 33ème Sommet de l'Union Africaine. Le célèbre styliste nigérien en a dévoilé les grandes lignes à Paris, au siège de l'Unesco. Car « la mode, explique-t-il, peut sauver l'Afrique ».

Par Bruno Fanucchi

« Un artiste, quand il réussit, c'est l'ambassadeur permanent de son pays. Ce praticien de la culture de la paix peut être la locomotive indépendante de bien des projets utiles au Niger et à toute l'Afrique». Cet hommage de l'ambassadeur du Niger auprès de l'UNESCO, Inoussa Ousséïni, s'applique mieux que tout autre à Alphadi !

Créateur du Festival International de la Mode en Afrique (FIMA), qui vit le jour dans le cadre majestueux du désert du Tiguidit en 1998, le célèbre styliste nigérien présentait mardi au siège de l'UNESCO à Paris la 12ème édition du FIMA, une édition spéciale qui se déroulera du 4 au 7 juillet prochain à Niamey à l'occasion du 33ème Sommet des chefs d'Etat de l'Union africaine. Avec pour thème : « Industrie et créativité, une nouvelle dynamique vers l'intégration africaine ». Et c'est avec la passion qu'on lui connaît que celui qui est assurément le plus grand des ambassadeurs du Niger a révélé les grandes lignes de ce prochain rendez-vous incontournable de tous les amoureux de la beauté africaine.

« Le FIMA se fera cette année en quatre nuits dédiées. La première nuit, bien sûr, mettra à l'honneur le Niger et en valeur les créateurs nigériens qui sont les meilleurs dans les secteurs clés comme la bijouterie et la maroquinerie. La deuxième sera consacrée à la musique, qui est tout un art en Afrique. La troisième constituera un hymne au panafricanisme avec 42 créateurs du Continent et la dernière sera la nuit de l'Union africaine en présence des chefs d'Etat que je veux tous habiller. Pour qu'ils s'habillent désormais à l'africaine et montrent l'exemple afin que tous les jeunes de nos pays soient fiers de notre Culture et de nos traditions ».

« Que nos jeunes restent chez nous pour

participer au développement de l'Afrique »

« L'Afrique est un Continent merveilleux », reprend avec encore plus de fougue et de passion Alphadi qui remet en perspective son long combat pour mettre en lumière les richesses de tant de pays et donner aussi – grâce à l'industrie de la mode - du travail à une jeunesse parfois désoeuvrée. « Le combat continue. La mode peut nous sauver », ajoute-t-il, car « même si beaucoup de créateurs pillent l'Afrique, l'Afrique a une extraordinaire créativité » et, en quelque sorte, toujours une longueur d'avance... Et, dans l'univers de la mode, cela compte sans doute encore plus qu'ailleurs.

Car le but bien compris du combat d'Alphadi, ambassadeur de bonne volonté de l'Unesco qui l'a baptisé « Artiste de la Paix », c'est – comme il le dit lui-même – d' « éduquer nos enfants et ne pas les laisser partir pour mourir en mer ou dans les cieux ». Et la mode est certainement à cet égard un des premiers vecteurs de lutte efficace contre les phénomènes d'émigration et d'immigration. « Il faut, insiste-t-il, que nos jeunes restent chez nous pour participer au développement de l'Afrique ». Et Alphadi de profiter de cette tribune pour rendre en toute simplicité un bel hommage à son fils Moulay qui vient de rentrer au pays pour y fonder son entreprise (My African Society) et reprendre le flambeau à ses côtés après l'avoir déjà aidé depuis si longtemps dans l'ombre.

Ouverture d'une Ecole supérieure

de la Mode et des Arts à Niamey

Car Alphadi – qui a déjà innové dans bien des domaines – caresse depuis longtemps bien d'autres projets comme celui d'ouvrir à Niamey une Ecole Supérieure de la Mode et des Arts sur le modèle de l'Institut Français de la Mode (IFM) de Paris, où l'on enseignerait non seulement la couture, le stylisme et l'art de défiler pour les mannequins, mais aussi la musique, l'orfèvrerie, la maroquinerie, les savoir-faire de l'artisanat, etc. Une école d'excellence !

Premier mannequin noir internationalement reconnue, la Princesse Esther Kamatari, qui participa à la première édition du FIMA avec lui il y a 20 ans et l'accompagne toujours dans cette belle aventure, applaudit des deux mains à cette superbe idée et rend à son tour hommage à son insatiable combat en faveur de la beauté noire et de la jeunesse africaine. A eux deux, ils ont – il est vrai - fait bouger bien des lignes depuis plus de 20 ans et donné leurs lettres de noblesse à la mode en Afrique.

« Cette école de mode vivante verra le jour avec le soutien des autorités », assure pour sa part le ministre nigérien de la Renaissance culturelle, des Arts et de la Modernisation sociale, Assouma Malam Issa, venu de Niamey pour soutenir Alphadi et participer au lancement du 12ème FIMA. Et ce jeune ministre d'ajouter tout de go :  « Je ne suis pas complexé de parler du problème sécuritaire.  Niamey est aujourd'hui la capitale la plus sûre de la sous-région. C'est pour nous inédit car le Niger n'a jamais accueilli un tel évenement, mais nous sommes sûrs d'assurer la parfaite sécurité du FIMA comme du Sommet de l'Union africaine ».

Saluant à son tour le beau projet d'Alphadi, l'ambassadeur extraordinaire et plénopotentiaire de la République du Niger en France, Ado Elhadji Abou, a promis dans ce but de « tout faire pour faciliter les démarches » de tous ceux qui contribueront à la pleine réussite de cette 12ème édition du FIMA.

Grâce au « Magicien du désert » qu'est devenu Alphadi, et à quelques autres qui lui ont emboité le pas, le Niger du président Mahamadou Issoufou est donc prêt à relever le défi et à faire du prochain Sommet de l'UA un événement culturel et artistique inoubliable.

Bruno Fanucchi

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