John-Ayité Dossavi, initiateur de la JMCA : "La Journée mondiale de la Culture africaine célébrée cette année avec faste à Abidjan"
John-Ayité Dossavi, fondateur et président du RAPEC, initiateur de la Journée Mondiale de la Culture Africaine
Fondateur et Président du RAPEC, John-Ayité Dossavi est aussi l'initiateur de la Journée Mondiale de la Culture Africaine célébrée chaque année le 24 janvier. Une date que l'UNESCO vient officiellement de reconnaître. Des festivités sont prévues cette année à Abidjan et un Grand Prix Kékéli sera remis le 31 janvier à Marrakech. Interview.
Propos recueillis par Bruno FANUCCHI
Pouvez-vous nous rappeler d'abord ce qu'est le RAPEC ?
John-Ayité Dossavi : Le Réseau africain des promoteurs et entrepreneurs culturels (RAPEC), dont je suis le président-fondateur et la Camerounaise Florine Amougou la Vice-Présidente, est né au Burkina Faso le 17 novembre 2007. C'est une ONG qui œuvre pour la reconnaissance de l'activité culturelle comme étant une activité économique à part entière devant être mise au cœur des préoccupations de nos Etats. Après la promotion de la Culture, la protection des patrimoines culturelles, le troisième chaînon manquant, c'est le rôle de la Culture dans l'économie. C'est à ce titre précisément que nous avons lancé cette dynamique.
Moi-même, en qualité de journaliste culturel sur la place de Paris depuis plus de 27 ans, j'ai collaboré en ce sens à de nombreux médias comme Média Tropicales, Espace FM, Midi FM, Fréquence Paris pluriel, Afrique.com et j'en passe...
Comment est née cette aventure pour la reconnaissance et la promotion de la Culture africaine ?
Nous avons fait le constat qu'on ne prenait pas assez en compte le rôle de la Culture dans l'économie du Continent africain alors que l'activité culturelle peut être une activité ludique susceptible de créer des emplois et de rapporter des devises à nos pays. Cela nous a conduit à organiser le premier Forum d'investigation sur le rôle de la Culture dans le développement de l'Afrique, que j'ai eu l'honneur de présider avec l'ex-patronne des Nations Unies pour la Culture le 16 décembre 2008 à l'UNESCO. Puis il y a eu un deuxième Forum pour l'Afrique sub-saharienne organisé à Cotonou, au Bénin, puis un troisième à Marrakech, au Maroc. Après toutes ces rencontres sectorielles et ces nombreux forums, nous avons organisé le 1er Congrès panafricain sur le rôle de la Culture dans le développement de l'Afrique en 2011 à Lomé, au Togo. J'ai alors proposé au Congrès la mise en place d'une Journée mondiale pour célébrer et rendre hommage à l'Afrique, berceau de l'Humanité.
Et votre combat pour cette reconnaissance vient d'être récompensé par l'UNESCO...
C'est le 20 novembre dernier, en effet, que la Conférence générale de l'UNESCO a adopté à l'ununamité – je dis bien à l'unanimité – la Journée mondiale de la Culture africaine et afro-descendante (JMCA) avec le 24 janvier comme date officielle reconnue pour cette célébration annuelle par les 193 Etats membres de l'UNESCO. Le RAPEC a choisi cette date symbolique en hommage à l’Union Africaine, qui avait précisément adopté le 24 janvier 2006 la Charte de la Renaissance Culturelle Africaine.
Entre temps, le Conseil exécutif de l'UNESCO (composé de 58 membres) avait lui-même adopté et confirmé - toujours à l'unanimité - la JMCA. Dans le projet de résolution, il y avait déjà en filigrane que le 24 janvier serait désormais une date pour la Paix, une date qui invite l'Humanité toute entière à rendre hommage au Continent où tout a commencé pour elle.
"Ce Grand Prix Kékéli sera décerné
pour la première fois à Marrakech"
Pourquoi avoir choisi cette année Abidjan pour célébrer avec fastes ce 24 janvier ?
C'est encore une grande première même si, l'an dernier, une cinquantaine d'événements avaient déjà marqué cette Journée à travers le monde avant cette résolution de l'UNESCO. Lancée officiellement dès 2014, cette Journée mondiale du 24 janvier a été véritablement matérialisée par notre ONG et, chaque année, nous choisissons une ville pour en faire le lieu officiel de la célébration, comme c'est le cas ce 24 janvier à Abidjan. Nous tenons à remercier ici Totem Communication et son réprésentant Wakili Alafé qui est à l'origine de l'organisation de la première édition de cette Journée mondiale de la Culture africaine et afro-descendante depuis cette consécration officielle par l'UNESCO.
Je veux aussi remerier la Côte d'Ivoire qui fait partie des pays qui ont co-parrainé le projet de résolution porté par le Togo aux côtés de grands pays comme la France, l'Espagne, le Brésil, Cuba ou même l'Azerbaidjan ! C'est pour moi une manière de saluer et remercier la Côte d'Ivoire qui donne toujours une place de valeur à la Culture et la met à l'honneur.
Comment vont se dérouler ces festivités ?
A Abidjan, il y aura bien sûr, comme de circonstance, une cérémonie placée sous la présidence de Maurice Kouakou Bandaman, ministre de la Culture et de la Francophonie, et ponctuée par des messages très forts à l'endroit de la jeunesse africaine comme de la jeunesse mondiale. Et, de surcroît, un certain nombre de manifestations socio-culturelles. Dans la matinée, nous serons à l'Hôtel du District reçus par le Gouverneur d'Abidjan, Robert Beugré Mambé, pour la cérémonie officielle, mais il y aura également dans la journée des caravanes dans la ville et notamment au Rond-Point de Treichville, puis dans la soirée des débats et animations culturelles au Village Kiyi Mbock, la maison panafricaine des arts et des artistes créée au cœur d'Abidjan par Wêrê-Wêrê Liking, cette grande Dame de la Culture africaine. C'est donc une belle manifestation qui se prépare car tout le monde sait qu'Abidjan c'est la joie et le vivre ensemble. Une fois de plus, je ne peux que souhaiter que la paix revienne dans ce pays que nous aimons tant.
Et il y a cette année, je crois, une grande nouveauté avec la création d'un Prix. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Nous avons estimé qu'une journée pour rendre hommage à l'Afrique, berceau de l'Humanité, ne pouvait pas se limiter à une célébration, fut elle symbolique et importante. Comme nous sommes dans une dynamique de paix, nous avons pensé mettre sur pied un Prix pour récompenser celles et ceux qui oeuvrent pour la Paix entre les peuples, le vivre ensemble et la cohésion sociale. Ce qui nous a amené à annoncer, lors d'une conférence de presse le 28 juin 2018 à Tunis, que cette JMCA sera désormais accompagné d'un Grand Prix : le Prix Kékéli
Kékéli, qu'est-ce que cela signifie ?
Kékéli, cela veut dire « Lumière » dans une des langues évé parlée au Togo, mon pays natal, comme au Ghana et au Bénin. Car nous estimons que nos lauréats sont notre lumière et notre référence. Cela convient parfaitement à ce Prix que se veut le premier Prix de la société civile visant à apporter sa contribution pour la Paix et le vivre ensemble. Car la Paix ne doit pas être un simple mot ou un vœu pieu, mais doit se vivre par des symboles et des références s'imposant aux dirigeants africains. Notre démarche a été reçue avec respect par un certain nombre d'institutions. Et nous allons décerner pour la première fois ce Grand Prix Kékéli le 31 janvier à Marrakech, en présence d'un certain nombre de ministres de la Culture qui s'y retrouveront pour le lancement officiel de Marrakech, élue « capitale africaine de la Culture ». C'est donc vraiment notre baptême du feu !
Un dernier mot à ajouter ?
Je veux dire aussi merci à la France car c'est une idée qui est née, ici, au sein de la diaspora africaine en France. C'est important de le souligner. Voilà l'acte que la diaspora africaine en France a posé : nous sommes à l'origine du premier Congrès panafricain sur le rôle de la Culure africaine et de la naissance de la JMCA. Je veux donc saluer les autorités françaises, qui ont co-parrainé ce projet - pour leur soutien.
Pour en savoir plus : www.jmca.in / www.rapec.org
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