Le célèbre saxophoniste est mort ce mardi victime du coronavirus : Adieu Manu, adieu l'artiste !

Le célèbre saxophoniste est mort ce mardi victime du coronavirus : Adieu Manu, adieu l'artiste !

Le célèbre artiste franco-camerounais, Manu Dibango, a été emporté par le Coronavirus à l'âge de 86 ans. 


A 86 ans, Manu Dibango, ce géant de la musique et légende du jazz, vient de nous quitter. Une semaine seulement après Jean-Michel Denis, le grand spécialiste des musiques et des scènes africaines. Victimes l'un et l'autre en France du coronavirus. Avec douleur et respect, nous leur rendons ici un dernier hommage commun.

Par Bruno Fanucchi

La France, où il avait débarqué à Marseille en 1949 encore adolescent pour y poursuivre ses études, comme le Cameroun, sa patrie natale, et bien sûr le monde de la musique et toutes les diaporas africaines sont en deuil : Manu Dibango, le grand saxophoniste de renom et de talent s'est éteint ce mardi 24 mars, victime du coronavirus.

La famille de l'artiste a annoncé son rappel à Dieu en ces termes : « Chers parents, chers amis, chers fans, une voix s'élève au lointain... C'est avec une profonde tristesse que nous vous annonçons la disparition de Manu Dibango, notre 'Papy Groove', survenue le 24 mars 2020 à l'âge de 86 ans, des suites du Covid 19 ».

En raison des règles strictes du confinement décrété en France depuis une semaine, sa famille a  aussitôt fait savoir dans un communiqué que « ses obsèques auront lieu dans la plus stricte intimité familale et un hommage lui sera rendu ultérieurement dès que possible ».

D'un naturel toujours affable et enjoué, ce géant de la musique – qui avait fêté l'an passé ses 60 ans de carrière - a été terrassé par ce virus qui fait autour de nous tant de ravages. Né le 12 décembre 1933 à Douala, au Cameroun, il avait côtoyé et joué en Afrique comme sur les cinq continents avec les plus grands : Youssou N'Dour, Angélique Kidjo ou Peter Gabriel. Et j'en passe... Sans jamais prendre personne de haut malgré son imposante stature !

Compositeur de « Soul Makossa » qui lui vaudra à partir de 1972 une notoriété mondiale, cette légende vivante de l'afro-jazz, qui était encore sur scène au début de l'année, avait également dirigé avec professionnalisme pendant plusieurs années l'orchestre de la RTI en Côte d'Ivoire.

D'autres, qui l'ont beaucoup mieux connu que moi, trouveront les mots pour lui rendre avec plus de force et de brio l'hommage qu'il mérite. Mais nul autre cependant que mon confrère et ami Jean-Michel Denis, spécialiste s'il en est des musiques et des scènes africaines, aurait pu retracer avec panache sa brillante carrière s'il n'avait été – hélas – frappé lui-aussi par le coronavirus la semaine dernière.

Ancien de « Jeune Afrique », « Afrique Magazine » et « Divas », où j'avais travaillé avec lui, Jean-Michel s'en est allé le 16 mars dernier à Paris et on lira avec émotion le très bel hommage rendu par son épouse Pélagie dans « Paris-Match Afrique », le dernier organe de presse auquel il collaborait régulièrement : https://www.parismatch.com/Actu/Medias/Jean-Michel-Denis-le-premier-journaliste-emporte-par-le-Coronavirus-1679726

Nous avions d'ailleurs assisté ensemble tous les trois en septembre 2018 à Abidjan à un grand concert des Magic System créés par son grand ami A'Salfo, dont il était très fier d'avoir fait la première interview à ses débuts, dans cette Côte d'Ivoire qu'il aimait tant.

De belles soirées de jazz au « Coq Noir »

Mais qu'il me soit permis d'évoquer ici juste quelques scènes qui me reviennent à l'esprit s'agissant de Manu Dibango pour témoigner de l'originalité de sa musique et de sa personnalité, comme de sa jovialité légendaire. Le connaissant de longue date de renom, mais l'ayant rarement approché, je n'avais fais vraiment sa connaissance qu'en avril 2010 à Dakar lors de l'inauguration officielle du monument de la Renaissance africaine par le président sénégalais Abdoulaye Wade où il était l'un des invités d'honneur de la cérémonie dans la tribune officielle aux côtés de mon amie Coumba Gawlo, la « Diva à la voix d'or ».

Nous nous étions revus et avions échangé une dernière fois (mais on ne sait jamais que c'est la dernière fois !) il y a tout juste deux mois, le 25 janvier au Grand Hôtel, lors de la soirée de gala du Club Efficience, réunissant à Paris la fine fleur de la diasparo africaine, qu'il avait honoré de sa présence comme bien d'autres stars à l'image d'Adama Paris, la célèbre créatrice de la Dakar Fashion Week. Une très belle soirée qui restera dans les mémoires...

Entre ces deux dates, nous nous étions croisés de nombreuses fois sur des événements, forums ou manifestations culturelles en Afrique et, bien sûr, au « Coq Noir », l'excellent restaurant tenu à Clichy par notre amie commune Marie-Christine Riou, d'origine camerounaise comme lui, où il animait régulièrement des soirées de jazz mettant l'ambiance jusqu'au milieu de la nuit alors que tous se régalaient d'un délicieux n'dolé.

Adieu Manu, adieu l'artiste !

Bruno Fanucchi

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