Marc Hoffmeister, Président de Classe Export : "Le Maroc est devenu un hub pour les affaires en Afrique"

Marc Hoffmeister, Président de Classe Export :

Marc HOFFMEISTER, Président de Classe Export et Commissaire Général des Rencontres Africa


Président de Classe Export et Commissaire Général des Rencontres Africa, Marc Hoffmeister fait le point sur la 4ème Edition des Rencontres Africa qui vient se tenir au Centre international de conférences Mohammed VI à Skhirat, au Maroc. Avant de se poursuivre au Sénégal jusqu'au 25 octobre.

Propos recueillis par Bruno Fanucchi, envoyé spécial à Skhirat (Maroc)

Peut-on faire un bilan du premier volet marocain de ces Rencontres Africa 2019, dont vous êtes le maître d'oeuvre ?

Marc Hoffmeister : Ce fut une très belle manifestation organisée en partenariat avec l'Agence marocaine de Développement des Investissements et des Exportations (AMDIE) : nous avons eu sur deux jours à Skhirat plus de 1.500 décideurs qui sont venus ici et plus de 2.500 rencontres B to B avec la mise en service d'une nouvelle application mobile permettant des prises de rendez-vous en instantané qui a très bien marché. Le programme des conférences et des ateliers mis sur pied a été unanimemmet salué. Avec des intervenants de haut niveau comme Abdou Diop, managing Partner de Mazars Group, et bien d'autres. Et les débats ont vraiment intéressé la salle car nous parlions de choses concrètes sur les énergies renouvelables ou le prix de l'énergie.

Nous sommes rentrés dans le détail des besoins et des façons de procéder avec ce que pouvait apporter à la fois le gouvernement marocain et la stratégie qu'il développe pour l'international, et le secteur privé. Cela nous a permis de répondre à beaucoup de questions.

Le Royaume du Maroc est-il un « hub » pour les affaires en Afrique ?

C'était en effet le thème de notre séance plénière d'ouverture et la réponse à cette question est évidente : le Maroc est bel et bien devenu une porte d'entrée en Afrique. C'est certain au niveau des infrastructures avec à la fois le transport maritime et le transport aérien. De par sa position géographique, le Maroc est donc un « hub », mais il lui reste à résoudre une question : comment transformer cet avantage pour le concrétiser au niveau du business pur et devenir une plaque tournante des affaires. Là, c'est moins évident car beaucoup d'entreprises marocaines visiblement sont assez agressives sur les marchés et font peur. Elles doivent donc rassurer car tout est une question d'équilibre. Le Maroc est naturellement un « hub », mais dépassons cette notion pour trouver les bons équilibres nous permettant de travailler ensemble. Ces Rencontres Africa s'y emploient.

"La création de valeurs et la croissance

de l'Afrique ne se fera que par les entreprises"

Combien d'entreprises marocaines étaient présentes ici à cette 4ème édition ?

Tous secteurs confondus, elles étaient près de 900, car nous avons beaucoup d'entreprises que l'on n'attendait pas et qui sont venues spontanèment. Car toutes les entreprises marocaines, quel que soit leur taille, sont à la recherche de moyens supplémentaires et de nouveaux contacts pour se développer et prospérer. Cette 4ème édition est donc un excellent cru.

Avec un second volet qui se poursuit jusqu'à la fin de la semaine au Sénégal, aussi riche d'espoirs et de rencontres ?

Au Centre international de Conférences de Diamniadio (près de Dakar), nous aurons un très joli programme et ce sera à peu près les mêmes grandes thèmatiques comme les énergies nouvelles, mais ce ne sera pas du tout la même façon de les aborder. Les questions seront peut-être un peu plus concrètes. Je vous donne un exemple : dans l'agro-alimentaire, le ministre de l'élevage va nous dire que la filière lait est à structurer. Au Sénégal, les besoins sont certainement plus ciblés et plus identifiés. Quand on va parler du pétrole et du gaz, on sait qu'il y a tout à faire et il faut trouver des soudeurs et des sous-traitants pour les plateformes pétrolières à venir. C'est très concret.

En qualité de président de Classe Export, que retirez-vous de cette semaine de rencontres économiques en Afrique ?

J'en retire une grande conviction : c'est que la création de valeurs et la croissance de l'Afrique ne se fera que par les entreprises. Ce ne sont pas les politiques publiques ni les grands bailleurs de fonds qui font la richesse de l'Afrique. La vraie création de valeurs, ce sont les entrepreneurs qui la font, les entrepreneurs qui forment et paient des salariés, les entrepreneurs qui investissent dans un pays et qui investissent durablement et pas seulement pour un an.

Les investisseurs français ne sont-ils pas un peu frileux sur le Continent ?

Je ne sais pas qui prétend cela car si vous prenez le stock d'investissements français en Afrique, c'est de loin le plus important et nous sommes largement encore devant les Chinois, même si ceux-ci ont beaucoup investi depuis deux ans. Maintenant, les Français en Afrique, on ne dit plus qu'ils sont français, ils sont du pays en question où il se sont impantés. Quand on parle de Bolloré au Sénégal, c'est une entreprise sénégalaise, ce n'est plus une entreprise française.

Si l'on parle en revanche des PME françaises, oui, car il y a une histoire de maîtrise du risque. Il faut arriver à dédramatiser et à faire connaître les procèdures en matière de maîtrise du risque parce qu'elles existent. La grande difficulté d'un patron de PME aujourd'hui, c'est que si son entreprise fait 10 millions de chiffre d'affaires et s'il investit un million d'euros en Afrique, c'est une prise de risque considérable pour lui et il faut qu'il ait une visibilité. Il y a donc un problème de visibilité et de gouvernance. Et il faut privilégier des pays connus et sûrs. Il ya de surcroît de nouvelles procèdures publiques « françaises », qui sont récentes, et la BPI a mis en place une ligne de crédits de 600 millions d'euros pour les entreprises françaises il y a dix-huit mois. C'est tout récent. Il y a eu, à ce sujet, une véritable prise de conscience et il nous faut désormais diffuser l'infromation, Ce genre d'événément y contribue.

Pour en savoir plus :

www.rencontresafrica.org / www.classe-export.org / www.amdie.gov.ma

Bruno Fanucchi

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